Laurent est un ami qui ne peut quitter son fauteuil roulant pour se déplacer. Il ne peut donc aller très loin sans aide.
Dans sa tête il fait des voyages dans des pays inconnus. Un jour il en a eu marre de ne voyager qu’en imagination et, avec sa mère, il a décidé de concrétiser ses rêves. Et là, les obstacles n’ont pas été que physiques. Je laisse Laurent raconter :
« En 2010 j’ai décidé d’aller en Tunisie. A Djerba. L’agence apprenant que je suis en fauteuil me prévient : il n’y a pas d’ascenseur pour les chambres à l’étage, vous devrez donc prendre un bungalow et cela fera 80 euros de plus.
J’accepte le surcoût, trop content de quitter le quartier et de partir à la découverte de pays que je ne voyais que dans des catalogues.
Fini le vol dans les nuages comme les jours précédents sur le trottoir devant ma maison, assis dans mon fauteuil, regardant les jeunes courir, faire du vélo et m’imaginant voltiger près d’eux sans entrave.
Aujourd’hui je vole, au-dessus des nuages, assis dans un fauteuil sans roue et dans un avion réel. Quel bonheur !
Nous arrivons à Djerba. Je découvre des couleurs et des odeurs dont j’ignorais l’existence. Un autocar nous prend à l’aéroport pour nous rendre à l’hôtel.
Une petite surprise nous attend : finalement tout le monde se retrouve dans un bungalow et je suis le seul à avoir payé un surcoût pour être dans l’un de ces bungalows ! Les braves gens qui ne sont pas handicapés ont décidément tous les avantages !
Il faudra 5 mois de démarches, de coups de fil, de lettres pour récupérer les 80 euros que j’avais versé. Encore un peu et ça m’aurait coûté plus cher de les récupérer que de les encaisser !
Sur place, tout fut super à part l’accès à la salle de spectacle où je n’ai pu aller. J’ai encore du faire mon cinéma dans ma tête ! »
(Prochain article, Laurent nous emmène en Turquie.)