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22 juin 2013 6 22 /06 /juin /2013 14:33

Le beau Laurent au corps musclé marche d’un pas décidé. Il est parti en chasse. Il en a ras le bol de la maison aux yeux fermés où rien ne se passe, où tout est prévisible. Ce qu’il veut c’est l’aventure ! ce qu’il veut c’est que ça bouge !

Devant lui une boite de conserve. Il lance un grand coup de pied et la boite s’envole au dixième étage de l’immeuble qui se dresse à cent mètres de lui.

Un enfant l’a vu et il dit admiratif : « waouh ! ». L’enfant ne trouve pas d’autre expression pour dire son émerveillement. Il se jette au pied de Laurent et caresse le tibia chaud et herculéen que ses deux mains ne peuvent encercler.

Laurent continue son chemin sans regard pour ce gringalet.

Autour de lui tout le monde le salue, soulève son chapeau ou sa casquette, rabaisse sa capuche ou ses yeux.

Une fille craintive s’approche. Elle a un papier dans la main. Tête baissée en signe de soumission elle ose s’adresser au beau Laurent : « vous avez perdu un billet de 50 euros en sortant votre mouchoir » Grand seigneur, l’immense Laurent lui dit de le garder. Profitant de la bonne humeur de l’homme qu’elle admire le plus au monde elle risque une demande : « pourrai-je venir vous voir ce soir ? » Laurent la regarde rapidement. C’est vrai qu’elle est belle et bien faite. Il fait pourtant le dédaigneux et lui lance : « OK, à condition que tu viennes accompagnée de tes quatre sœurs et de tes six cousines. »

Laurent décide de traverser la rue. Tous entendent les pneus crissés. La voiture réussit à piler à cinquante centimètres du bel audacieux. Le chauffeur sort de sa voiture. Il a son visage tout rouge. Il lève un poing et crie : « abruti ! enfoiré ! connard » bref tout y passe. L’inconscient continue : « tu peux pas regarder quand tu traverses ! t’es pire qu’un gamin qu’y sort de la maternelle en courant ! » Les spectateurs sont effrayés. Cet automobiliste ne doit pas être du quartier pour apostropher l’intrépide Laurent comme il le fait ! Celui que tous les habitants de la rue respectent se retourne lentement. Rien sur son visage ne traduit la moindre émotion. Le beau ciel bleu ensoleillé a quitté ses yeux. Il lève sa jambe, appuie le plat du pied sur le pare-choc et sans effort apparent il renvoie la voiture dans les six mètres du brave homme saisi de crainte et de tremblement.

Laurent continue sa promenade suivi d’une nuée de gamins qui chantent ses louanges.

Arrivé devant la boulangerie du quartier, il n’a rien à dire, aussitôt le commerçant sort avec une brassée de pains au chocolat qu’il distribue à la ronde.

Le beau Laurent s’arrête. Tous arrêtent. Que va-t-il faire ? Devant lui un camion barre la route. Tous imaginent déjà la suite.

 

 

 

De suite il n’y en eut pas. Le normal Laurent se réveilla, assis sur son fauteuil roulant qui l’empêchait d’aller là où il aurait voulu.

ocean.jpg

Toute ressemblance avec une personne existante n'est pas du au hasard 

 

 

 

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29 mars 2012 4 29 /03 /mars /2012 12:28

Laurent :

« Fin septembre 2011 c’est le salon des seniors à la Chambre de commerce et de l’industrie de Lille. On peut y rencontrer toutes les agences qui organisent des voyages dans le monde entier.

Je décide d’aller à ce salon pour lequel un bus est organisé par les agences. Avant de partir j’envoie un mail pour demander bien sûr si le salon est accessible. Je n’ai pas de réponse mais le chèque correspondant au prix du transport + l’entrée au salon est encaissé.

Arrivé devant la chambre de commerce, il y a un bel escalier d’une dizaine de marches en mon honneur (?). Après renseignement, ma mère apprend que l’entrée est possible pour moi par les bureaux. Je ne raconte pas le voyage: les portes, le slalom de pièce en pièce. J’arrive enfin dans la salle où est le salon du voyage. Une salle à … plusieurs niveaux ! Stands, réservations, le monde se presse et j’écrase pas mal de pieds pour me frayer un passage. Moi aussi je suis écrasé par tout ce monde qui ne me voit pas. Je souhaite intérieurement qu’une belle fille se retrouve assise sur mes genoux mais je ne suis pas exaucé.

J’arrive enfin au stand que je recherchais : celui de la Sardaigne. Je me renseigne avec pour première question immuable : est-ce que ce sera accessible ? Le représentant de l’agence Vivréva me dit que c’est évident. J’ai l’impression d’avoir posé une question incongrue.

Finalement ma mère et moi nous  nous décidons pour cette direction. Il faut évidemment verser des arrhes. Je sors mon carnet de chèque mais celui qui tient le stand me dit que le paiement ne se fait pas là. Il me montre du doigt une direction. Je me retourne. Le doigt de l’homme indique la partie de la salle surélevée par deux marches. Je fais un chèque de 640 euros et le donne à ma mère qui va le déposer là où il doit l’être.

Je remplis au stand une fiche de réservation qui sera, m’assure-t-on, envoyée à mon domicile.

Je ne l’ai jamais reçue mais le chèque a vite été encaissé.

J’ai téléphoné une fois pour avoir un double de ce papier. Réponse : il arrive. Au bout de 15 jours je ne l’ai toujours pas reçu. Deuxième coup de fil. Même réponse, même punition : rien. Troisième coup de fil. Je dis que c’est du vol de ne pas m’envoyer le papier d’inscription alors que mon chèque a été encaissé. Quelques heures après, les ‘sanctions’ tombent : il faut que j’envoie les dimensions de mon fauteuil roulant position en marche, position au repos, largeur, hauteur, profondeur … C’est pour l’avion et pour les portes de chambre. Ça m’étonnerait qu’ils refassent les largeurs des portes de l’avion ou des chambres pour moi !

Suite des sanctions après que l’agence ait reçu les dimensions du fauteuil : l’hôtel ne peut pas m’accueillir, il n’est pas accessible à l’intérieur comme à l’extérieur. Je suis écoeuré.

Je téléphone directement à l’hôtel en Sardaigne. Réponse : pas de chambre à l’étage, séjour en bungalow de plein pied et tout à fait accessible. Je parle de la largeur du fauteuil roulant. Je devine le beau sourire de la petite Sarde au bout du fil qui me dit que les largeurs sont bonnes pour tous les fauteuils. Elle ajoute qu’il y a une rampe (de lancement ?) pour entrer dans l’hôtel.

Quelques jours plus tard, je reçois un e-mail de l’agence qui me demande si je maintiens mon séjour. Je crains que l’agence ne nous change d’hôtel (cela s’est déjà fait !) si je dis oui afin que je ne sache pas leur mensonge. Après une réflexion rapide avec ma mère, je dis que j’annule et que je demande le remboursement de mon chèque de 640 euros.

Pour que cet argent me revienne, il me faudra menacer de mettre l’affaire entre les mains d’un conciliateur de justice ! Deux jours plus tard, j’étais remboursé !

J’ai changé d’agence et je pars en Sardaigne en juin 2012. Je vous raconterai à mon retour comment se sont passées ces vacances de farniente ! »

 

Merci Laurent ! A bientôt sur le blog !

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24 mars 2012 6 24 /03 /mars /2012 11:15

Laurent continue son récit :

« En 2011 je me renseigne pour aller en Turquie. Malgré sa peur de l’avion, pourtant moins dangereux que le fauteuil électrique dans les rues de la ville, ma mère accepte de m’accompagner.

Sur le catalogue, la destination Ozderé m’attire. Tout est accessible. Je regarde sur Internet le site de l’hôtel. L’accessibilité est confirmée. Tout est plat et l’accent est mis sur la facilité des déplacements pour tout le monde.

Je fais les réservations.

10 jours avant de partir l’agence annonce que suite à un problème informatique (cherchez l’erreur !) il va y avoir un changement d’hôtel. Dans cet hôtel, si l’intérieur est accessible, dehors ce sera ardu surtout pour la salle de spectacle (décidément, la culture est interdite aux gens qui sont en fauteuil roulant : voir la fin de l’article précédent. En France si les salles de ce genre sont pour la plupart accessibles, même accessible c’est souvent difficile et compliqué) ardu aussi pour que je puisse aller à la piscine couverte. La piscine ! Seul lieu où je peux me mouvoir seul, sans aide ! L’agence précise que le restaurant sera tout à fait accessible. Si je ne pourrai emplir ma tête et me faire les muscles, je pourrai au moins m’emplir la panse !

Sur place je dois demander l’aide de quelqu’un dès que je veux aller dehors. Le sourire des filles qui bossent dans l’hôtel atténue ma déception et le personnel est plus gêné que moi. Il n’en peut pourtant rien et je ne verrai jamais un responsable pour s’excuser et me dire le pourquoi du changement d’hôtel au dernier moment.

Je me suis replongé dans mes rêves en écoutant la chanson de Désireless ‘Voyage, voyage’. »

 

(Prochain article, direction : la Sardaigne.)

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20 mars 2012 2 20 /03 /mars /2012 08:11

Laurent est un ami qui ne peut quitter son fauteuil roulant pour se déplacer. Il ne peut donc aller très loin sans aide.

Dans sa tête il fait des voyages dans des pays inconnus. Un jour il en a eu marre de ne voyager qu’en imagination et, avec sa mère, il a décidé de concrétiser ses rêves. Et là, les obstacles n’ont pas été que physiques. Je laisse Laurent raconter :

«  En 2010 j’ai décidé d’aller en Tunisie. A Djerba. L’agence apprenant que je suis en fauteuil me prévient : il n’y a pas d’ascenseur pour les chambres à l’étage, vous devrez donc prendre un bungalow et cela fera 80 euros de plus.

J’accepte le surcoût, trop content de quitter le quartier et de partir à la découverte de pays que je ne voyais que dans des catalogues.

Fini le vol dans les nuages comme les jours précédents sur le trottoir devant ma maison, assis dans mon fauteuil, regardant les jeunes courir, faire du vélo et m’imaginant voltiger près d’eux sans entrave.

Aujourd’hui je vole, au-dessus des nuages, assis dans un fauteuil sans roue et dans un avion réel. Quel bonheur !

Nous arrivons à Djerba. Je découvre des couleurs et des odeurs dont j’ignorais l’existence. Un autocar nous prend à l’aéroport pour nous rendre à l’hôtel.

Une petite surprise nous attend : finalement tout le monde se retrouve dans un bungalow et je suis le seul à avoir payé un surcoût pour être dans l’un de ces bungalows ! Les braves gens qui ne sont pas handicapés ont décidément tous les avantages !

Il faudra 5 mois de démarches, de coups de fil, de lettres pour récupérer les 80 euros que j’avais versé. Encore un peu et ça m’aurait coûté plus cher de les récupérer que de les encaisser !

Sur place, tout fut super à part l’accès à la salle de spectacle où je n’ai pu aller. J’ai encore du faire mon cinéma dans ma tête ! »

 

(Prochain article, Laurent nous emmène en Turquie.)

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24 décembre 2011 6 24 /12 /décembre /2011 08:33

 Figurez-vous que je viens d’apprendre aujourd’hui que l’aéroport de Roissy Charles de Gaulle avait à disposition, pour les personnes en difficulté de marche … 2, oui deux fauteuils roulant !

Pourquoi pas zéro, direz-vous ? C’est vrai que ça ne changerai pas grand-chose !

L’amie qui me l’a raconté a du, elle-même, utilisé l’un de ces fauteuils. Bien sûr, il y avait d’autres personnes qui avaient le même besoin. Après l’atterrissage, il a donc fallu, à toutes ces femmes et tous ces hommes beaucoup de patience pour quitter l’avion à l’aéroport Charles de Gaulle : trois allers-retours avion, hall de l’aéroport parce que, vous l’avez deviné, cinq personnes avaient besoin de ces fauteuils pour se déplacer.

Pourquoi ces gens ne sont pas venues avec leur fauteuil personnel ? Bonne question ! Je ne vous conseille pas d’essayer si vous pouvez (relativement) vous en passer. Vous risqueriez de payer une place supplémentaire pour le fauteuil ! Et je ne vous raconte pas le jeu : entrer dans l’avion avec le fauteuil, vous installer à la place indiquée sur votre billet, redescendre le fauteuil, le diriger vers la soute … sens inverse pour le quitter …

 

Dans le hall, un petit incident que je trouve rigolo lors de ce retour compliqué pour mon amie, sur la terre ferme.

Tout à coup, dans les hauts parleurs, finie la voix sucrée : «  TOUT LE MONDE DOIT EVACUER LE HALL !! »

Une bombe avait été détectée et prête à sauter dans la minute qui venait. Il paraît que dans ces cas là, les secondes défilent à toute vitesse ! Bref, il n’y avait presque plus personne quand tout le monde a entendu un grand « BOUM ! »

Explosion ! D’une bombe ? et non d’une valise pleine de … bouteilles de champagne ! Comme quoi, même les bulles sont interdites dans les cieux !

Plus de peur que de mal, plus d’arrosage que de blessures. Ouf !

 

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