Faut-il pleurer ? Faut-il en rire ?
Deux matins du mois d’avril
‘Les Filles’ oublient à ma tante Charlotte
De mettre sa culotte…
Pas grave, raillez-vous, dans un cri.
Pour cette femme c’est une moquerie.
Quand on a quatre-vingt-dix-huit ans,
Tout mot, tout geste sont importants.
Cette femme au passé fort
A seize heures est mise au lit : Dors !
Que faire, dit-elle avec ses mots désespérés,
Sinon pleurer ?
Pour qui nous prend-on ?
Des moins que rien ? uniquement des troncs ?
On change mes médicaments
Sans prévenir, ni pourquoi, obscurément.
On m’oblige à me laver seule.
Que faire, sinon un amuse-gueule !
Je ne peux de moi-même quitter le fauteuil,
Lui, au moins, lavé, est l’unique tape-à-l’œil !
Hier matin
On annonce : visite du médecin.
Je l’attends encore
Et pourtant il n’est pas mort !
On m’a volé de l’argent.
Aucune enquête, ni agent.
Porte fermée à clé,
Mais qui a les clés ?
Comment vivre puisque je ne suis plus femme,
Traiter comme une chose sans âme,
Je ne sais plus faire que pleurer
Et en cachette pour ne pas être contrer !